Les populations animales constituent un assemblage hétérogène d’individus. Cette variation intraspécifique exerce un rôle important sur les processus écologiques et évolutifs. Plusieurs études ont démontré l’existence de différences comportementales entre individus, toutefois les connaissances sur l’effet de ces différences en conditions naturelles sont limitées. Cette étude vise à quantifier l’association entre les différences comportementales et la diète chez le guppy (Poecilia reticulata). Nous avons collecté les guppies dans six cours d’eau au Nord de l’île de Trinité, Trinité-et-Tobago, pour ensuite mener des tests comportementaux et extraire les ratios d’isotopes stables à partir des tissus corporels. Nous avons utilisé des modèles linéaires mixes pour quantifier l’effet de la prise de risque et de l’exploration sur les signatures isotopiques de carbone, d’azote et de leur ratio (C:N). Le comportement de prise de risque est associé à des valeurs de δ15N plus élevées en présence de prédateurs, ainsi les individus plus audacieux s’alimentent à des niveaux trophiques plus élevés. Une corrélation positive entre l’exploration et les valeurs de δ13C révèle que les individus plus explorateurs consomment davantage d’aliments d’origine aquatique que terrestre. Finalement, l’exploration est liée à une diète de faible qualité chez les mâles, mais pas chez les femelles. Ces résultats démontrent que les différences comportementales entre individus ont le potentiel d’influencer les interactions entre espèces au sein des réseaux trophiques.